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PLAN
D’UNE BANQUE NATIONALE.




La Banque d’Angleterre accomplit deux opérations de crédit complètement distinctes et qui n’ont entre elles aucun lien nécessaire : elle substitue par ses émissions une monnaie de papier à une monnaie métallique, et elle fait, sous forme de prêt, des avances de fonds aux négociants et aux autres individus.

Ce qui prouve d’une manière irréfragable que ces deux actes n’ont entre eux aucune connexité nécessaire, c’est qu’ils pourraient être accomplis par deux établissements séparés, sans déterminer la moindre perte pour le pays ou pour les négociants qui participent aux bienfaits de ces avances.

Supposons qu’on ravisse à la Banque le privilège d’émettre de la monnaie de papier pour le confier exclusivement à l’État, en soumettant celui-ci aux obligations actuellement imposées à la Banque, c’est-à-dire de payer ses billets en espèces au porteur : quelle atteinte en recevrait donc la richesse nationale ? Alors, comme aujourd’hui, les échanges et le commerce du pays s’accompliraient au moyen d’un agent de circulation à bas prix, la monnaie de papier, qu’on substituerait à un agent plus coûteux, les signes métalliques : et on recueillerait également tous les avantages qui dérivent actuellement de cette partie du capital national que l’on a rendue productive sous forme de matières premières, d’aliments, de vêtements, de machines, d’instruments, au lieu de les stériliser sous forme d’agents métalliques.

La nation, ou le gouvernement au nom de la nation, est redevable à la Banque d’une somme plus considérable que le montant total des billets en circulation. En effet, le gouvernement doit non-seulement à la Banque les 15 millions de son capital prêtés à 3%, mais des sommes additionnelles qui ont été avancées sur des bons de l’Échiquier, des annuités de pensions et de demi-solde, et sur d’autres valeurs. Il est évident dès lors que, si le gouvernement se chargeait exclusivement du rôle d’émettre lui-même la monnaie de papier au lieu de l’emprunter à la Banque, il n’en résulterait de différence que dans la question de l’intérêt. La Banque perdrait un intérêt que la nation