Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/89

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d’incessantes variations. En déterminant les principes qui règlent la valeur échangeable et les prix, il nous faudra donc faire une profonde distinction entre les variations qui viennent de la marchandise elle-même, et celles qui naissent des perturbations que subit l’étalon des valeurs et des prix.

Une hausse dans les salaires, qui provient d’une altération dans la valeur de la monnaie, produit un effet général sur les prix, mais n’agit pas sur les profits. Au contraire, une hausse des salaires, qui indiquerait qu’une rémunération plus large a été accordée à l’ouvrier ou que les objets de première nécessité sont devenus plus rares, plus coûteux, aurait, en général, pour effet d’abaisser les profits ; dans ce cas, en effet, le pays consacrerait à l’entretien des ouvriers une plus grande somme de travail annuel, ce qui n’arriverait pas dans l’autre.

C’est d’après la répartition du produit total d’une exploitation agricole entre le propriétaire, le capitaliste, l’ouvrier, que l’on juge de l’accroissement ou de la diminution de la rente, des profits et des salaires : ce n’est pas, ce ne saurait être d’après la valeur qu’aurait ce produit si on le comparait a une mesure type, reconnue variable, mobile, inconstante.

C’est par la quantité de travail nécessaire pour créer un produit, et non par la portion attribuée aux différentes classes de la société, que l’on peut juger exactement du taux des profits, de la rente et des salaires. Des améliorations introduites en agriculture ou en industrie pourront doubler l’importance des produits ; mais si les salaires, la rente, les profits ont doublé en même temps, ils conserveront entre eux les mêmes rapports, et paraîtront n’avoir subi aucune variation. Mais s’il arrivait que les salaires ne grandissent pas dans la même proportion ; si au lieu de doubler ils augmentaient seulement de 50%, et si la rente s’accroissait seulement de 75%, laissant aux profits le reste de l’excédant obtenu, il me paraîtrait fort correct de dire que la rente et les salaires ont baissé tandis que s’élevaient les profits. En effet, si nous avions une mesure type qui nous permît de mesurer la valeur de ce produit, nous verrions que la part échue aux ouvriers et aux propriétaires est moins grande, et celle attribuée aux capitalistes plus forte qu’auparavant. Ainsi nous verrions, par exemple, que tout en doublant, la quantité absolue des marchandises se trouve être précisément le produit de la même somme de travail. Si chaque centaine de chapeaux, d’habits et de quarters de blé se distribuait avant dans les proportions suivantes :