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baillées aux examinateurs sans le nom des autres, pour estre examinées. Et cependant on garde les manuscritz marquez de nombres correspondans aux copies. Cela se fait à fin que ceux qui examinent les escrits, ne cognoissent les noms des auteurs, ou la façon d’escrire.

Ces premiers examinateurs choisis des Magistrats des villes, espluchent diligemment toutes les escritures, & rejettent chasque mauvaise, de sorte qu’ilz donnent aux examinateurs Royaux le double du nombre auquel peuvent estre reduitz les Licentiez. Ainsi s’il en faut dénommer cent cinquante, on met à part trois cens escrits, qu’on envoye à la station des examinateurs Royaux pour estre mis à la dernière enqueste, desquelz ilz separent les meilleurs, tant qu’il suffise pour le nombre des Licentiez. De ce nombre en apres ilz eslisent les premiers, seconds, & troisiesmes, & les disposent soigneusement par ordre. Ceci estant faict, tous les examinateurs ensemble conferent les copies recognues par les nombres avec les manuscrits, & lisent le nom de l’auteur en son propre escrit. Ilz exposent ces noms en grosse lettre sur une grande table, quasi sur la fin de la huictiesme Lune, avec grande affluence de Magistrats & applaudissement de ceux qui sont ou parens, ou amis de ceux qu’on déclare Licentiez.

Or ce degré est beaucoup plus relevé, & estimé que le précèdent, & jouyt de privileges beaucoup plus honorables, & d’un ornement particulier de dignité, voire si ceux qui en sont ornez deposent l’ambition de parvenir au supreme degré, ilz sont en la republique capables de charges grandes.

Cete action estant ainsi achevée, les Presidens Royaux de l’examen mettent un livre en lumiere, par lequel le succez de tout l’examen, les noms des Licentiez, & les plus beaux escrits de chasque matiere proposée sont espars par tout le Royaume. Mais principalement on imprime les escrits de celui qui a esté nommé le premier entre les Licentiez. Icelui est appelle en langage Chinois Quiayuen. Ce livre est imprimé en beaux characteres, & se distribue par tout le Royaume. L’on en presente quelques Exemplaires au Roy, & aux autres Courtisans.

Les Bacheliers d’un autre province ne sont pas receus en cet examen. Seulement ez deux Cours Royales quelques uns apres avoir obtenu le Baccalauréat (ayants payé certaine somme d’escus à la chambre Royale) sont receuz par grace en ce College, d’autant qu’ilz ont esté admis en l’escole Royale, de laquelle ilz sont officiers.

Le troisiesme ordre d’hommes lettrez entre les Chinois s’appelle Cin fu, & est du tout semblable à nostre doctorat. Celui-ci aussi se confere tous les trois ans, mais seulement en la Cour de Pequin. Et