Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/49

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ne leur fust assujeti. En apres il a de sorte honoré les filz & nepveux de ces petitz Rois de divers titres, qu’ilz decroissent peu à peu avec le revenu, selon que par le decours des anneez, ilz sont plus esloignez du tige Royal. Mais estant parvenus à certains aages, on ne leur donne du thresor public que ce qui est necessaire pour vivre commodement sans faire aucun mestier, ou trafic. Il a aussi pourveu que les filles du sang Royal fussent selon leur qualité & proximité du tige du Roy colloqueez, & doteez de titres plus ou moins honorables, avec un tres-bon revenu.

Mais aux Capitaines ses compagnons, & liberateurs du Royaumc, il a tres-liberalement faict part de tres beaux titres d’honneur, & de rentes annuelles. Il leur a aussi donné des charges militaires, & autres immunitez. Mais ilz sont subjetz aux Magistratz des villes de mesme que les autres. De ces privileges il y en a un des aisnez inoui parmi les nostres. On void tous les gestes memorables, qui ont esté faitz soubz le Roy Humvu, par chasque chef de famille, pour la delivrance du Royaume, gravez sur une lame de fer, ressemblant une tasse. En faveur de ceux-ci, si quelqu’un d’entr’eux presente ceste lame au Roy. il obtiendra impunité de quelque crime que ce soit, mesme capital, jusquesà la troisiesme fois. Le Roy voyant ceste lame, toutes les fois qu’il faict grace, commande qu’en icelle soit gravée quelque marque, par laquelle on cognoisse combien de fois ceste lame a obtenu abolition de crime. Mais il faut entendre ceci excepté le crime de leze Majesté, car ceux qui en sont convaincus, sont soudain eux & toute leur posterité desnuez à jamais de toute dignité, Les gendres & beauperes du Roy, & quelques autres aussi qui sont trouvez avoir bien merité de la Republique Chinoise, ou de l’estat par quelque acte valeureux, obtiennent aussi les mesmes honneurs & revenus, avec la diminution que j’ay dénotée de temps en temps.

Mais les seulz Docteurs & Licentiez denommez ez examens sont les seuls appellez pour administrer la Republique & gouverner tout le Royaume, & n’ont pour ce aucun besoin de la faveur des Magistratz, ni mesme du Roy. Car toutes les charges publiques dependent de la science, vertu, prudence & industrie recognuë d’un chacun, soit qu’ilz commencent seulement d’entrer en office, soit qu’ilz aient eu d’autres gouvernemens. Aussi les loix d’Humvu l’ordonnent ainsi, & sont pour la pluspart gardeez, sinon en ce qui se commet tous les jours contre le droict & les ordonnances par la malice humaine, par des peuples peu religieux.

Tous les Magistratz soit du corps des Philosophes, soit militaires, en langue Chinoise sont appellez Quonfu, comme si l’on disoit Presidens. Mais les mesmes par honneur ou à cause de leurs offices sont nommez Lauye ou Lautie, qui signifie maistre & pere. Les Portugais appellent ces