Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/57

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& assesseurs; & le Surintendant de la contrée n’a pas plus d’autorité en ceste sienne demeure, qu’ez autres lieux dependans de sa jurisdiction. Or ce droit est du premier appel à iceluy, quand les causes jugeez par le Ciceu & Cihien sont en premier appel renvoyeez vers luy comme Superieur. Car le second appel (& icelui seulement ez causes de plus grande importance) est renvoyé au souverain Magistrat des villes Metropolitaines Pucimfu & Naganzafu, & à leurs collegues, selon le merite de la cause. Voire les mesmes Metropolitaines ont leur Cifu & Cihien, non moins que les contreez qui leur sont subjetes. Or entre tous ces Magistratz il y a un accord admirable de republique bien reiglée.

Mais d’autant qu’il faut que toute administration de republique ez Provinces soit rapportée à la cour Royale de Pequin, outre ces Magistratz il y en a deux autres superieurs aux susditz, qui sont envoyez de la ville Royale ; l’un d’iceux demeure en la Province, & est appelle Tutam  : l’autre est tous les ans envoye de la cour, & se nomme Giayuen. L’autorité du premier, d’autant qu’elle est grande sur tous les Magistrat & subjetz, & qu’il preside aux affaires de la guerre, & aux acquiert les premieres charges de la republique, semble se pouvoir accomparer à noz Lieutenantz du Roy. L’office du dernier est comme de Commissaire, ou Visiteur. Iceluy toutesfois, d’autant que par le commandement du Roy il fait revision des causes de toute la Province, visite les villes & citadelles, fait enqueste des departemens de tous les Mandarins, & en punit aussi quelques uns des médiocres & les range au devoir, advertit le Roy de tout le reste, & comme chacun s’acquitte de sa charge, & parce que seul de tous les Magistratz il fait faire exécution des peines capitales ez Provinces, pour cela à bon droit tous l’honorent & craignent.

Outre ces Mandarins, il y en a beaucoup d’autres qui exercent diverses charges ez villes, & aussi ez villages & bourgz. Et outre ceux-cy plusieurs chefs & capitaines des soldatz par tout le Royaume mais principalement ez lieux maritaines, & frontières, ou ilz font garde le long des murs, portz, ponts, & forteresses, comme si tout estoit enflammé de guerre ; encor que par tout il y ait une tres profonde paix ; car ilz ont leurs enroollemens & monstres de soldats, voire les exercices presque journaliers.

Tous les Magistratz entierement de tout le Royaume sont reduits à neuf ordres, soit qu’on regarde le Senat Philosophique, soit le militaire. Selon l’estat de ces ordres on paie à chascun tous les mois les gages du thresor public, soit en argent, soit en ris, qui est certes petit,