Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/75

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telz que nous avons accoustumé aux triomphes. Les villes font le mesme à leur citoien qui aura obtenu quelque dignité de marque, ou le premier lieu à l’examen des lettrez, ou en semblables evenemens, & ce avec grand appareil.

Tour ce qui est de précieux ou bien faict par tout le Royaume, tous les ans en grande quantité & avec grandz despens est envoyé au Roy à Pequin. Les Magistratz aussi, qui demeurent en la ville Royale, marchent en public avec moindre parade. Car excepté les principaux, il n’est pas permis aux autres d’estre portez dans une chaize à bras, ains vont à cheval ; & ceux ausquelz par les loix est permis user de la chaize, ne peuvent avoir que quatre porteurs  : hors de la cour il est permis aux ordres des moiens Magistratz de marcher avec plus grande pompe. Les Chinois rapportent ceste modestie à la reverence qu’on doit au Roy, & croient que ceux qui en sont plus pres, la doivent rendre encore plus grande. Tous les Mandarins de cour s’assemblent tous les ans quatre fois, aux quatre saisons de l’année, aux sepulchres des anciens Rois & Roines, & y font leurs ceremonies & presens. Mais le premier & principal honneur est rendu à Humvu Recuperateur du Royaume. Ilz se préparent à ces ceremonies quelques jours auparavant, publians cessation d’œuvres, & des jeusnes qu’ilz observent religieusement dans l’enclos de leur maison.

Apres le Roy, ilz deferent les secondz devoirs d’honneur à leurs Magistratz. Ilz font principalement demonstration de cela par leurs façons coustumieres de parler, & par visites officieuses, ausquelles ne sont pas receuz, ny aspirent autres que ceux qui ont, ou autrefois ont eu quelque charge en la Republique. Car ceux-là estans de retour en leurs pays, bien qu’ilz soient decheuz par leur propre faute, se rendent neantmoins quelquefois remarquables par la reverence de leur Magistrature. Et les Magistratz des villes les honorent, & leur rendent les complimentz de visite, & pour le respect de leur presence accordent beaucoup de choses principalement à ceux qui ont receu les premier honneurs aux degrez des lettres, & offices publicz.

Si quelques Mandarins s’estans bien acquittez de leur charge, & ayans bien mérité du public sont eslevez à un autre office, ou pour quelque autre cause s’en vont de la ville, ilz sont publiquement honorez de grans presens, & sont priez pour mémoire éternelle de leurs bien faictz laisser leurs brodequins, marque du Magistrat. Ce qu’ilz font, & se gardent enfermez en un coffre public avec diverses