Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/79

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que tous les tombeaux soient hors de la ville aux foux-bourgz.

S’il arrive que les filz soient absens au temps du decez de leurs parens, toute la pompe funèbre est differée jusqu’à leur venue. Or quand le filz est adverti de la mort de son pere, s’il est homme de qualité, il dresse un cœnotaphe ou sepulchre vuide à son pere au lieu ou pour lors il se retrouve, & reçoit les condoleances des amis, & puis retourne au plus tost au pays, & renouvelle derechef les mesmes ceremonies, & avec mesme ordre que nous avons dict cy-dessus. Et le filz aussi est contraint par les loix de s’en retourner, quel que grande que sois la dignité qu’il a en la Republique (fust-ce mesme des Presidents des Sièges que nous avons cy dessus dict s’appeller Ciamsciu, voire mesme aussi de Colao) & achever en la maison, le dueil de trois ans, & ne sont pas devant ce temps receus aux Magistratures qu’ilz avoient devant. Mais il faut entendre cela seulement du dueil de pere, ou mere, & non des autres parens. De cete loy sont exempts au dueil de leurs parens les Mandarins militaires.

S’il arrivé que quel qu’un meure hors de son pays, celui qui doit prendre le soin du dueil fait tout son possible, & n’espargne aucuns frais pour faire reporter & charrier le corps mort en son pays, à fin qu’il soit remis au tombeau de ses Ancestres. Chasque famille à son tombeau particulier la pluspart en quelque colline hors de la ville, avec des grands sepulchres de marbre, & au devant diverses statues d’animaux & d’hommes. On dresse aussi des epitaphes de marbre certes magnifiques. En iceux on escrit d’un beau charactere & escriture elegante les gestes louables des Ancestres. Les parens s’assemblent tous les ans à ces tombeaux aux jours à ce deputez ; là ilz font leurs ceremonies, bruslent des parfums, desplient des presens, & font un banquet funèbre selon la coustume du peuple receue de tout temps.

On fait aussi les mariages & les nopces avec beaucoup de ceremonies. L’un & l’autre se fait dez l’enfance, & ne veulent pas que l’espoux soit beaucoup plus aagé que l’espouse. Les parents font d’une part & d’autre ces contractz, & ne demandent pas pour iceux le consentement des enfans, lesquelz toutefois les filz ou filles approuvent tousjours. Les principaux se marient tousjours avec les principales, & recherchent l’esgalité des familles en l’eslection de la femme legitime. Quand aux autres concubines que chacun tient à sa volonté, elles sont prefereez par la beauté. L’on ne regarde pas la noblesse du sang, ny aux biens  : car icelles s’acchete la plus part pour le prix de cent escus, & souvent a meileur marché. Le commun peuple & les pauvres s’acheptent des femmes à prix d’argent, & quand il leur plaist les vendent. Mais le Roy & ses enfans