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Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/111

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ordinairement à ceux qui se sont fait un mérite de l’espèce du sien, de n’en acquérir jamais de plus solide, de se voir bientôt rebutés par un sexe, et méprisés par l’autre. Milord l’éprouva : sa naissance ni sa fortune ne le mirent point à l’abri de ce sort. Parvenu à l’âge d’exercer les emplois convenables à son rang, il se vit préférer, dans les nominations, des hommes qui sembloient lui être inférieurs, mais dont les qualités justifioient le choix du Prince, et l’estime de la nation. Ayant à peine atteint sa trentième année, il quitta Londres, se retira à Northumberland, où il avoit des terres, résolu d’y vivre, de s’y former une Cour, et de ne jamais reparoître à celle d’Angleterre.

Un naturel exigeant, un faste plus capable de révolter la noblesse indigente, que de lui en imposer, aucune attention pour les autres, la plus grande admiration pour lui-même, assez d’humeur, point de complaisance ; le rendoient peu propre à s’attirer l’amitié de ses voisins. Il obtint des gentilshommes de sa province, ces froids respects dûs aux grands. Son rang méritoit des égards ; mais sa personne inspiroit de l’éloignement. Ainsi les devoirs s’étant bornés à de courtes visites, Milord se trouva seul. Il sentit bientôt que la retraite ne fait pas toujours des heureux, et qu’elle ne convient ni à tous les états, ni à tous les caractères.

L’ennui le porta à visiter les différens lieux où il possédoit des biens. Il fit un voyage en Irlande, y vit ladi Onéale, jeune veuve, noble, belle, mais sans fortune. Il l’épousa, revint avec elle en Angleterre,