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Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/472

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l’accompagnoit, l’appelant alors pour sortir, elle la suivit, et laissa Ernestine étonnée, confuse et presqu’immobile.

Madame Duménil n’avoit osé s’approcher de sa belle-sœur. En retournant chez elle, un peu d’inquiétude lui faisoit garder le silence : elle attendoit qu’Ernestine parlât, et vouloit juger par ses discours de ceux d’Henriette. Il lui paroissoit impossible qu’un entretien si court eût produit de grands éclaircissemens : mais son amie se taisoit, soupiroit ; et la consternation où elle la voyoit, lui causoit un véritable embarras.

Occupée à se répéter les expressions d’Henriette, à en pénétrer le sens, Ernestine s’abîmoit dans cette rêverie pénible où la foule des idées ne permet pas d’en apercevoir une distincte et de s’y arrêter. « Henriette me plaint, dit-elle enfin, tout nous sépare ! les bienfaits dont vous m’avez comblée ont blessé ses regards ; leur éclat ne convient point à l’élève de son frère ! Malheureuse fille, s’est-elle écriée ! Eh ! d’où naît cette compassion si différente de celle que je lui inspirois autrefois ? Hélas ! j’ai toujours excité la pitié ; pourquoi ce sentiment m’humilie-t-il aujourd’hui ? Dès mes plus jeunes ans, abandonnée au soin de la Providence, recueillie par des mains bienfaisantes, j’ai dû ma subsistance et mon éducation à la généreuse amitié de madame Dufresnoi : Henriette, dépositaire de ses dernières bontés, n’a pas cessé de m’estimer en me les assurant ; pourquoi vos dons m’abaissent-ils à ses yeux ? En les recevant ai-je mal fait ? Oui sans doute : le faste et la richesse ne me convien-