nent point ; cet éclat emprunté peut fixer les regards sur moi, rappeler ma première situation, porter l’envie à me la reprocher : que sais-je ? peut-être n’est-il pas permis au pauvre de s’élever ; l’obscurité, la vie simple et active est peut-être son unique partage : en subsistant des bienfaits d’un ami, tout ce qu’on accepte au-delà de ses besoins, rend peut-être ridicule et méprisable ».
« Eh ! que vous importe les idées d’Henriette ? répondit madame Duménil ; dépendez-vous d’elle ? cette fille hautaine et sévère a-t-elle des droits sur vous ? Comment oseroit-t-elle vous blâmer d’accepter mes dons, quand elle-même doit tout à l’affection d’une parente éloignée ? Vous m’avez extrêmement désobligée en courant à sa rencontre : elle m’a toujours haïe ; mais depuis la mort de son frère, j’ai eu le plaisir de la chagriner. Elle vouloit se mêler de ma conduite, régler la vôtre ; mais en lui fermant ma porte, j’ai su m’affranchir de sa tyrannie. Elle est irritée contre moi, je le sais : comment me pardonneroit-elle de vous avoir rendue heureuse, sans la consulter sur les moyens d’assurer votre sort, sans lui confier des arrangemens, que l’austérité de ses principes lui auroit fait rejeter » ?
« Vous avez fermé votre porte à Henriette ! s’écria Ernestine surprise ; eh ! bon Dieu, que m’apprenez-vous ? — D’où vient vous montrer si fâchée, reprit madame Duménil ? qu’avez-vous donc à regretter ? si je vous prive d’une amie, ne la retrouvez-vous pas en moi ? Après ce que j’ai fait pour vous, je m’étonne de vous voir si attachée à une autre. Jouis-