amis, n’a plus songé… — Rentrée dans ses biens, elle ! interrompit Henriette ; de quels biens me parlez-vous » ?
Ernestine conta alors l’histoire que madame Duménil lui avoit faite à la campagne ; et sans s’apercevoir de la surprise d’Henriette : « Vous me reprochez mon affection pour le marquis de Clémengis, ajouta-t-elle ; s’il vous étoit connu, vous l’approuveriez : oui, l’idée de ne plus le voir me révolte, elle blesse mon cœur ; une douce intimité s’est établie entre nous, elle fait mon bonheur, et sans doute le sien ! La présence de cet homme aimable, inspire je ne sais quel sentiment délicieux dont le charme est inexprimable : dès qu’il est près de moi je me trouve heureuse ; je lis dans ses yeux qu’il est content aussi, et j’aime à penser qu’un même mouvement cause ses plaisirs et les miens ».
Henriette joignit les mains, leva les yeux au ciel. « Mon Dieu, s’écria-t-elle, ai-je bien entendu ! quelle espérance s’élève dans mon cœur ! cet aveu, son ingénuité… ô ma chère Ernestine, es-tu encore innocente » ? Dans le transport vif et tendre de sa joie, elle pressoit sa charmante amie contre son sein. « Non, disoit-elle, non, Ernestine n’avoueroit point un coupable attachement avec cette liberté ; elle est trompée, elle n’est pas séduite ; il est temps, il est encore temps de la sauver du danger où sa crédulité l’expose ».
Des questions suivies, des réponses positives, amenèrent enfin l’éclaircissement que toutes deux désiroient. La conduite du Marquis étonnoit mademoi-