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Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/503

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En relisant la lettre du Marquis, Ernestine recommença à s’inquiéter. « Eh ! que doit-il donc m’apprendre ? demandoit-elle à madame de Ranci ; il veut me quitter peut-être, renoncer à me voir, tout m’annonce une triste séparation. Que signifient ces expressions » : Quand je vous disois, je ne vous importunerai plus, j’étois bien éloigné de vouloir élever dans votre esprit ces idées funestes où je vois trop qu’il s’abandonnoit ? J’ai cherché, j’ai fui l’occasion de vous dévoiler le sens de ces paroles. Hélas ! ma chère Ernestine, quelle triste confidence ai-je à vous faire ? quel sacrifice mon devoir exige ! il ne m’est plus permis de vivre pour moi-même ; il ne m’est plus permis d’espérer d’être heureux. "Ah ! je vais le perdre, s’écrioit-elle, mon cœur me le dit ! eh ! d’où vient ne peut-il vivre heureux, et me voir, et m’aimer ? Comment un même sentiment produit-il de si différents effets ? mon amour est un bonheur si grand pour moi ! faut-il que le sien trouble la douceur de sa vie !

Elle attendit impatiemment l’heure où elle croyoit recevoir la visite de M. de Clémengis. Le temps s’écouloit lentement au gré de ses désirs, le jour finit, et son inquiétude augmenta. Le lendemain, à son réveil, on lui présenta une lettre du Marquis : elle déchira l’enveloppe avec précipitation, et cherchant avidement la confirmation de ses craintes, elle la trouva dans ces paroles :

Lettre de M. de Clémengis.

« Ô ma chère Ernestine ! après la preuve touchante que vous venez de me donner de vos sentimens,