mon honnête ami, soyez le premier à féliciter la Marquise de Clémengis.
Des cris d’allégresse s’élevèrent alors dans la chambre. Ernestine étoit aimée, elle étoit respectée, elle méritoit le bonheur dont elle alloit jouir. Madame de Ranci levoit les mains au ciel, lui rendoit grâce, embrassoit Ernestine, prononçoit de tendres bénédictions sur le Marquis et sur elle. M. Lefranc, trahissant le secret qu’on lui avoit confié, racontoit à M. de Clémengis l’action généreuse d’Ernestine. Elle seule, craignant encore pour des jours si chers, n’osoit se livrer à la joie. On la rassura ; le Marquis étoit foible, mais il étoit convalescent et le plaisir alloit lui rendre la santé…
Mais épargnons au lecteur fatigué, peut-être, des détails plus longs qu’intéressans. Il peut aisément se peindre le bonheur de deux amants si tendres. Le comte de Saint-Servains, vengé de ses ennemis, rentra dans les fonctions de son ministère ; il pardonna à son neveu un mariage qui le rendoit heureux. Henriette partagea la félicité de son amie. Madame de Ranci retourna dans sa retraite, où les soins attentifs de madame de Clémengis prévinrent ses désirs : et moi, qui n’ai plus rien à dire de cette douce et sensible Ernestine, je vais peut-être m’occuper des inquiétudes et des embarras d’une autre.