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Sophie, ou

Durval.

Pauvre petite !… (il lui baiſe la main) vous avez donc un peu d’amitié pour moi ?

Sophie.

Je vous reſpecte, je vous aime, & vous aurez des droits éternels à ma reconnoisſance, ſi vous voulez parler à mon tuteur, l’engager…

Durval, gaiment.

Laiſſez, laiſſez-moi faire, je ſais comment m’y prendre… j’avois déja quelques idées, mais vagues… Ce que je vois, ce que j’entends, achève de m’y confirmer… (il lui baiſe encore la main) Petite ſéductrice, aurois-je dû m’attendre ?… il faut pourtant dire vrai, je me ſuis douté de quelque choſe.

Sophie avec empreſſement.

Quoi ! Monſieur, vous auriez découvert ?…

Durval toujours gaiment.

Oui, oui, j’ai découvert… en honneur, je ne me croyois pas ſuſceptible de cette ſottiſe-là, mais, plus j’y penſe… plus je vous vois… plus je vous regarde… & plus il me ſemble que je ſuis amoureux.

Sophie effrayée.

Amoureux ! vous Monſieur ?

Durval.

Oui, ma foi… cela vous étonne… & moi auſſi… mais enfin, que faire ? je ne ſuis pas ſi vieux… & ſi vous voulez être ma femme, cela pourra retarder mon voyage… l’empécher même ; car vous ne