Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/108

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cercueil[1]. Si Le Loutre se fût trouvé dans les mêmes circonstances, peut-être eut-il finalement provoqué les mêmes marques de sympathie.

Remarquons que ce que nous savons de ce missionnaire

  1. « L’abbé Maillard mourut à Halifax en 1762. À ses derniers moments, lorsque le saint missionnaire eût perdu connaissance, un ministre protestant vînt lire des prières au chevet du prêtre mourant, et ce bon ouvrier évangélique fut enterré avec pompe. Les hauts fonctionnaires de l’État accompagnèrent ses restes mortels jusqu’à sa dernière demeure. » (Cf. Bourgeois. Les anc. mis, etc., p. 75).

    Le MS. original, fol. 350, porte ceci : « À sa mort, il (Maillard) fut assisté à sa demande par le ministre protestant dont il s’était fait l’ami. »

    L’abbé Maillard n’a pu demander à un ministre protestant, en tant que tel, de venir l’assister à ses derniers moments. Aucun catholique, en aucun cas, n’a le droit de recourir au ministère d’un pasteur anglican, à quelque dénomination qu’il appartienne. L’Église défend toute communicatio in sacris de ce genre. Mais qu’un ami de l’abbé, fut-il ministre de profession, soit venu, comme personne privée, réconforter le mourant par sa visite, et lui donner une marque suprême de sa sympathie, il n’y a rien à dire à cet acte de charité qui n’avait aucun caractère officiel. Akins a rapporté cette tradition invraisemblable et impossible, du révérend Wood, faisant fonctions de ministre de l’église anglicane auprès de l’abbé Maillard mourant et à la demande de ce dernier (Cf. N. S : arch., p. 184-5, note). Si le révérend Wood a lu auprès de Maillard l’office des malades tel que contenu dans le Prayer-Book, ce ne put être que de son chef, et à l’insu du moribond. Cf. à l’App. des Sulpiciens et Prêtres des Missions Étrangères en Acadie, p. 443, un extrait d’une Lettre du révérend Wood à ce sujet. Il y est dit : « The day before his death (Maillard,) at his own request, Mr. Wood performed the office for the Visitation of the sick according to our form in the French language. » {Lambeth MSS. 1124. Rev. Mr. Wood to S. P. G., Oct. 27, 1762. Halifax). — Nous en demandons pardon à ce révérend Wood, mais il y a là une impossibilité.

    L’auteur des Records of Chignecto, (N. S. H. S, vol. XV, p. 30. Halifax, 1911) va donc trop loin, lui aussi, quand il dit : «  He, (Mr. Woods), and priest Maillard were close friends. When the lutter was on his death hed at Halifax, Mr. Wood administered to him the last rites of the Church. » — Ce Révérend Wood a été le premier missionnaire envoyé à Chignecto par la Société de Propagande Évangélique. Il était venu d’abord du New Jersey à Annapolis. Il possédait à fond la langue micmaque, et il passe pour avoir traduit la Bible en cette langue.