Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/138

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d’assurance, et comme étant la seule possible, est de beaucoup la plus improbable de toutes celles que l’on peut se faire sur la question. Nous avions un grand intérêt à tâcher de connaître la vérité ; et cependant, après toutes nos recherches, nous sommes loin de pouvoir en venir à une conclusion certaine. En fait, personne ne le pourrait, en face des témoignages différents et contradictoires qui se présentent.

Encore que nous n’ayons pu percer le mystère qui enveloppe cette tragédie, nous en hasarderons timidement une explication.

Howe, comme il appert par la lettre de Comwallis, avait été assigné au fort Lawrence avec mission de conclure une paix avec les sauvages et de retirer de leurs mains des prisonniers anglais. Rendu à son poste depuis quelques semaines, sinon quelques mois déjà, il avait tenu plusieurs conférences avec les sauvages sur les bords de cette petite rivière qui servait de frontière. Il n’avait pas encore réussi dans ses négociations, qu’il continuait avec persévérance. D’autre part, il avait souvent des entrevues, au même endroit, avec Le Loutre et les officiers français. Au jour fatal, Howe a dû venir à la rencontre d’un officier français, qui, probablement, était accompagné de Le Loutre ; Cope et le Bâtard, chefs des tribus sauvages, avec quelques autres indiens, s’étaient embusqués le long de la levée, attendant l’occasion de cette entrevue pour exécuter leur dessein homicide ; après le départ de l’officier français et de Le Loutre, et avant que Howe eût pu regagner le fort, les sauvages agitèrent un drapeau pour signifier à ce dernier qu’ils avaient à lui parler.

Cette interprétation aurait du moins le mérite de concilier des données, qui, autrement, se repoussent l’une l’autre.