Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/183

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but de ramener leurs familles à Halifax. L’équipage se composait d’Anthony Casteel, messager du conseil, du capitaine Baunerman, d’un M. Cleaveland, et de quatre manœuvres : tous furent massacrés et scalpés, à l’exception d’Anthony Casteel. Comment celui-ci fut sauvé est raconté minutieusement dans le Journal qu’il a tenu, lequel, à son retour, fut certifié sous serment et transmis par le Gouverneur au Secrétaire d’État[1].

Le récit est intéressant : il dévoile la basse trahison dont Conner et Grâce s’étaient rendus coupables envers les sauvages : Casteel, après le massacre de ses compagnons, fut conduit ça et là et passa par toute sorte de péripéties. Laissons-le parler :

« Vendredi, 25 (mai.) Avons traversé une baie et marché vers un endroit appelé Remsheag ; et quand nous fûmes en vue d’un campement indien qu’il y avait là, l’un des sauvages de l’escorte répéta les cris de mort et tira deux coups de feu. Alors s’avança à travers le port un canot qui nous passa sur l’autre rive où habitaient la femme et la famille de mon maître. Dès notre arrivée, je dus entrer dans son wigwam où je trouvai un vieillard infirme, son beau-père. Celui-ci me dit qu’il était fort heureux pour moi que je fusse français[2], autrement j’aurais été tué avec les autres.

  1. Cf. Can. Arch. (1894)-1753. July 23, Halifax. Hopson to Lords of Trade : « Sloop sent with Indians attacked, and all but one of the crew killed. » Enclosed : « Statement of Anthony Casteel, taken by the Indians ou the 16th of May. » (II. 193. B. T. N. S. vol. 14. H. 195.)

    Ce journal est in-extenso dans les Doc. inéd. loc. citato. Nous nous servons du texte même pour compléter et corriger les extraits qu’en fait Richard.

  2. Casteel s’était fait passer pour français : « L’un des chefs s’avança et me demanda de quel pays j’étais. Je lui répondis que j’étais français, et le priai d’interroger là-dessus ceux qui étaient venus souvent à Chebucto, et à qui, alors