Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/182

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Le révérend Andrew Brown, commentant ce que Morris appelle un accident, ajoute :

« Voilà ce que disait M. Morris. Mais le fait fut encore plus noir qu’il ne l’a soupçonné. Après avoir pillé le magasin des sauvages, Conner et tout l’équipage de sa malheureuse goélette eurent à affronter les fureurs de la mer. Ils firent naufrage ; les Indiens les trouvèrent trempés jusqu’aux os et dénués de tout ; ils les recueillirent chez eux et les traitèrent avec bonté. Or, pour toute récompense, ces hommes attendirent le moment propice, et, afin de recevoir la prime sur les chevelures, massacrèrent leurs bienfaiteurs, et vinrent ensuite à Halifax réclamer le prix de leur forfait. »

« Comme bien l’on pense, les Indiens furent exaspérés au delà de toute mesure par cet acte d’ingratitude et ce meurtre. (La vengeance fermente toujours dans leur sein, et leurs dents grinçaient.) Afin d’exercer d’immédiates représailles, ils dépêchèrent à Halifax quelques-uns de leurs guerriers, sous prétexte d’exposer la difficulté qu’ils éprouvaient à garder leurs provisions en sûreté durant la saison de pêche, et de prier le gouverneur de leur envoyer un petit bateau, à bord duquel leurs familles et leurs provisions seraient emmenées à Halifax. C’est pour répondre à ce désir que le vaisseau et l’équipage mentionnés dans le journal (d’Anthony Casteel,) leur furent envoyés, bien que plusieurs aient dès l’abord soupçonné que ce n’était là qu’une feinte imaginée par les Indiens en vue de répandre le sang.[1] »

En effet, la ruse inventée par les sauvages eut un succès complet. Une goélette fut mise à leur disposition dans le

  1. Doc. inéd. loc. cit.