Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/205

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misérables prétextes. Sans mot dire, cette fois encore, ils rentrèrent dans leurs foyers, et le calme se rétablit. Dans tout cela, il n’y a pas trace d’un seul acte d’insubordination ou simplement de résistance. Et cependant, il y avait de forts motifs pour excuser la sédition. Puisque les Acadiens avaient été retenus dans le pays contre leur gré, puisqu’en 1730 l’on avait accepté un compromis, ils avaient au moins le droit, en partant, d’emporter leurs effets ; et, pour eux, c’était beaucoup. Les en priver, c’était les jeter de l’abondance dans le dénuement. Pourtant, ce point si clair et si juste, ils y renoncèrent sans récriminer. N’y a-t-il pas là une base sûre pour juger de l’esprit qui les animait et de toute leur conduite dans les événements subséquents ?

Cornwallis, avant de les entendre, s’était tracé tout un programme de gouvernement. Hopson, au contraire, avait pu tout voir, tout peser, et apprécier la justice de leurs revendications. L’ordre suivant, adressé aux commandants des forts Vieux Logis, (Grand-Pré, maintenant Horton,) et Edward, (Piziquid, maintenant Windsor,) par Hopson, est empreint des mêmes dispositions bienveillantes que nous avons déjà constatées :


« Vous devrez traiter les habitants français de la même façon que les autres sujets de Sa Majesté ; ils ont droit à la même protection de la part des lois et du gouvernement. En conséquence, rien ne doit leur être enlevé par force ; le prix à payer pour leurs effets doit être convenu avec eux. S’il arrivait que les habitants s’obstinassent à refuser d’en passer par ce que le service de Sa Majesté requiert d’eux, vous ne les y contraindrez pas par les armes, ni de toute autre façon illégale, mais vous porterez le cas devant le gouverneur et attendrez ses ordres en l’espèce. Les prescriptions