Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voici ce que nous croyons pouvoir saisir, à travers tout cela : c’est que les Acadiens s’étaient attendus (lue Murray soumettrait, selon la manière ordinaire, leur requête au gouverneur, sans donner à la suspension de leurs travaux et à leur démarche plus de signification qu’elles n’en com-

    assembled together and consulting Mischief against the English, they are three thousand in number, and tho’they have not all arms, yet they have hatchets, they are so irritated against colonel Lawrence and the government, their grievances being so great, God knows what they may do. I asked them (sic) what these were, he said they ought to have heen contracted with for the wood, and not to have treatcd a people who were free, as slaves by forcing them to provide it, they were likewise refused passports to go to Beaubassin, and a liberty to carry the corn where they pleosed. I ordered him to go away and mind his ecclesiastical charge only. » — Et voilà comment Murray, digue émule de son chef Lawrence, traitait un missionnaire qui essayait de plaider auprès de lui la cause de ses compatriotes et de lui faire entendre leurs justes doléances. Daudin fut brutalement mis à la porte. Voici des gens dont on veut faire de vrais esclaves, et leurs guides, leurs prêtres n’ont pas le droit de représenter à l’autorité l’iniquité de pareils procédés. Pour toute réponse, on leur dit : « Mêlez-vous uniquement des choses de votre ministère, et allez-vous en ! » — Mais, est-ce qu’il n’entrait pas précisément dans le rôle de ces missionnaires de réclamer justice envers leur troupeau ? Les Acadiens n’avaient-ils pas le droit strict de compter sur eux, sur leurs lumières, leur sens de la justice, leur désintéressement évangélique, pour tâcher de redresser les torts que leur infligeait un gouvernement sans entrailles ? En se rangeant avec son peuple, l’abbé Daudin restait dans les limites de ses attributions apostoliques, car le missionnaire catholique n’a pas pour seule fonction d’administrer les sacrements. Il prêche l’Évangile, et quand l’autorité méconnait les grands principes d’humanité et d’équité, il a le droit et le devoir de lui dire : non licet ; il doit venger le faible contre la tyrannie du plus fort. Il incarne aux yeux de son troupeau la religion du Christ. Et toute atteinte à la justice naturelle, commise au détriment des faibles dont il a la charge, relève de sa juridiction. — Ainsi que l’auteur d’Acadie l’établit très-bien, ni les représentations faites par les Acadiens au sujet des réquisitions qui leur étaient imposées, ni la défense écrite présentée par l’abbé Daudin en plein conseil d’Halifax pour se justifier des accusations portées contre lui, ne se trouvent dans Akins. Mais seulement, seulement et toujours, les pièces à charge contre nos ancêtres. Ce procédé inique, en fin de compte, n’a pourtant servi qu’à prouver une fois de plus la vérité de la parole de l’Écriture Sainte : Mentita est iniquitas sibi.