Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/344

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gante et considérée comme une insulte envers l’autorité de Sa Majesté. Or, il nous a été impossible d’y voir autre chose qu’un document clair et précis, rédigé dans les termes les plus humbles et les plus soumis ; il dépassait même peut-être la mesure en ce sens, si l’on tient compte de l’indignité dont ceux qui le présentaient avaient été l’objet et qu’il avait pour but d’exposer. Que le lecteur s’interroge lui-même et se demande si, dans les mêmes circonstances, il s’en tiendrait à un document aussi respectueux. Selon nous, l’insolent n’était pas l’accusé, mais l’accusateur, à savoir Lawrence. La requête n’était insolente que parce que ce dernier était arrogant et brutal, et qu’il avait intérêt à la trouver telle. Il abusait de son pouvoir pour masquer l’odieux de sa conduite sous des paroles indignées qui ne pouvaient, au fond, s’appliquer qu’à lui-même. Lorsque l’on sait, ainsi que nous l’avons vu, avec quelle sévérité il a agi dans le seul cas de désobéissance — si c’en était un — qui se soit présenté sous son administration, l’on est en droit de rejeter ses accusations vagues et générales et de demander des preuves. Soyons bien convaincus que si les reproches qu’il adressait aux Acadiens avaient été mérités, il eût là et alors cité des faits à l’appui. Ni avant, ni alors, ni après, il n’a jamais formulé autre chose que des accusations de même nature, sans précision et sans consistance.

Devant cette majesté tonnante et foudroyante, ces pauvres gens n’avaient qu’à plier l’échine et à bégayer des excuses à celui qui n’admettait ni discussion ni explication. Que pouvaient-ils répondre à ce tyran rageur qui était résolu d’avance à ne trouver chez eux que matière à blâme ? Pouvaient-ils contredire ses avancés lorsqu’il les interrogeait ? Ils s’en gardèrent bien ! C’est pour le coup qu’ils eussent été chargés d’impudence. Et c’est pourquoi nous