Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/343

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lecteur de bonne foi de considérer attentivement ce document, et de juger par lui-même si la critique sévère qui en fut faite par le gouverneur Lawrence était ou non fondée en justice. »

Nous posons au lecteur la même question.

Où était la justification des procédés arbitraires et injurieux auxquels Lawrence eut recours pour enlever par supercherie leurs armes aux Acadiens ? Ceux-ci s’étaient-ils rendus coupables, nous ne dirons pas d’une insurrection, d’une prise d’armes, d’insubordination, de résistance aux ordres, mais de quoi que ce fût qui pût faire douter du maintien de la paix ? Quels sont alors ces faits ? Qu’on les cite ! Où était la provocation ? N’était-elle pas tout entière du côté de Lawrence ? Qui étaient les injuriés sinon les Acadiens mêmes, envers qui l’on se rendait coupable d’un tel acte de fourberie ? Où était le danger, quand, malgré une telle provocation, ces pauvres habitants livrèrent eux-mêmes, sans résistance, et sur un simple ordre, tout ce qu’ils possédaient d’armes, alors que la méfiance que l’on venait de susciter devait leur conseiller au contraire de désobéir, et de ne pas s’en remettre ainsi à la merci d’un homme dont ils connaissaient la cruauté ? Le danger ! Lawrence ne le provoquait-il pas en courant le risque d’exaspérer une population paisible, qui, après avoir rendu les armes qu’on lui demandait, en possédait encore assez pour mettre en péril la province ? Serait-il raisonnable de supposer que le gouverneur eût procédé de la sorte s’il eût vraiment douté de la fidélité de la population ? Il était trop roué pour marcher ainsi à l’aveugle. Oh ! il savait fort bien qu’il avait devant lui un peuple ferme et entêté peut-être, mais paisible et soumis, sur lequel il pouvait impunément faire peser sa tyrannie.

Nous avons lu et relu cette requête qui fut trouvée arro-