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avec les débris de quelques familles qui avaient pu se soustraire à l’exil général. La série des vexations exercées par Lawrence n’eût pas été complète sans l’emprisonnement des missionnaires. Il savait que tout ce qui touchait à la foi religieuse des Acadiens était pour eux un point très sensible. Peut-être aussi avait-il espéré achever de les exaspérer par là, et les porter à des résistances qui eussent figuré avec éclat et donné du relief au chapitre de ses accusations contre eux ? Cette satisfaction ne lui fut pas donnée. Mais quelle pouvait être son intention en faisant enlever leurs Archives ! Avait-il si longtemps d’avance prévu le cas de requêtes au Roi, présentées par eux, et de dénonciations de sa conduite ? Il avait alors deviné juste, car, deux ans plus tard, les Acadiens déportés à Philadelphie expliquent, dans une requête au Roi, l’impossibilité où ils étaient de prouver leurs allégations, attendu que leurs Archives leur avaient été ravies. Et si un détail, en apparence aussi insignifiant, n’a pas été échappé à l’esprit fertile et vigilant de ce gou-

    çois le 27 mars 1769, pour ne plus disparaître jusqu’à sa mort, si ce n’est en 1787, mais pour peu de temps. Il rendit son âme à Dieu le 6 décembre 1789 et fut inhumé le 8 du même mois dans le sanctuaire de l’église de St-François. La cure de Québec, par une clause de son testament, hérita de sa bibliothèque. »

    Nous possédons deux ouvrages ayant appartenu à l’abbé Le Guerne : chacun porte, à l’intérieur de la couverture, l’imprimé suivant : À la cure de Québec. Bibliothèque de Mr. Le Guerne. L’un est un Breviarum Romanum, Pars Æstiva, Antverpiœ ax typo. Plantiniana Balthasaris Moreti. M. D. C. XCIV. C’est un spécimen magnifique, comme tout ce qui est sorti de cet atelier célèbre, devenu, comme l’on sait, « Le Musée Plantin », lequel nous avons longuement visité en 1905. Ce Bréviaire est orné de deux gravures sur bois d’une absolue perfection. Sur les pages blanches de la fin, il y a plusieurs oraisons latines de l’écriture de Le Guerne. L’autre de ces ouvrages est : Fables choisies, mises en vers par Monsieur de la Fontaine, avec la Vie d’Ésope, nouvelle édition, augmentée de petites nottes (sic) pour en faciliter l’intelligence. À Paris. Par la compagnie des Libraires. M. DCC. XXXVII. La page titre, que nous venons de reproduire, porte l’autographe Le Guerne avec, au dessous du nom : 1755.