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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/377

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verneur, l’on doit comprendre pourquoi les Archives d’Acadie sont si incomplètes, pourquoi il a si bien effacé les traces de son crime, pourquoi l’on se trouve en présence d’un « chapitre perdu[1]. »

Lawrence, dans sa lettre du 28 juin aux Lords du Commerce, n’avait parlé d’expulsion qu’au sujet des Acadiens réfugiés à Beauséjour. Il ne pouvait convenablement rien faire contre ceux qui étaient toujours restés dans la province, sans donner aux Lords une idée quelconque de ses projets, si vague qu’elle peut être. Il le fallait afin de parer aux difficultés qu’il aurait à rencontrer pour se justifier. Sa faute serait considérée comme d’autant plus grande, et sa justification serait d’autant plus difficile, qu’il aurait laissé ses chefs dans une obscurité plus complète concernant ses desseins. Il y avait sans doute grave inconvénient, même danger, à les mettre au courant, car ils pouvaient répondre par une défense d’agir ; mais il s’écoulerait bien trois mois avant que leur réponse pût lui parvenir, et la déportation serait alors chose faite. Il ne pourrait transgresser des ordres formels de non-exécution ; mais, le fait accompli, il se flattait bien de le faire accepter, sans qu’il en résultât de détriment pour lui-même. Si, contre son attente, la question devenait grosse de périls, alors, il se retrancherait derrière l’approbation de son Conseil et celle de Boscawen ; il invo-

  1. Cette requête se trouve dans les appendices de l’édition anglaise (II. App. III, P. 271.) Nous la donnerons à la fin de notre tome III. — Il y est dit en effet : « It is not our power sufficiently to trace back the conditions upon which our ancestors just settled in Nova Scotia… because our papers which contained our contracts, records, etc, were by violence taken from us some time before the unhappy catastrophe which has been the occasion of the calamities we are now under…  » — Cette requête a été publiée d’abord par Haliburton (I. IV. 183 et seq.)