Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/394

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nablement conclure que ceci, savoir : — qu’ils auraient, en cas de refus de leur part, à abandonner leurs terres pour aller là où il leur plairait. Si telle eût été l’issue de cette affaire, l’histoire fût restée muette sur leur sort. Il y aurait eu, à leur égard, cruauté, injustice, manque de bonne foi, violation d’un traité et d’engagements solennels ; mais on assimilerait ce fait à bien d’autres qui font tache dans les annales humaines, et qu’on oublie à raison des temps où ils eurent lieu, ou de la fréquence avec laquelle ils se sont produits. Si douloureux qu’eût été l’ordre d’avoir à quitter leurs biens et leur patrie, ils eussent obéi à cet ordre ; ils eussent accepté l’alternative. Il ne pouvait y avoir de doute sur ce point ; et Morris, pour un, n’en avait pas, puisqu’il était d’opinion que les Acadiens se résigneraient même à la déportation, pourvu qu’on leur fît croire qu’ils seraient envoyés tous ensemble au Canada. Au moment même où Lawrence leur déclarait hypocritement qu’ils devaient s’apprêter à prendre le serment ou à quitter leurs terres, le texte de sa résolution portait : « Vu qu’il a déjà été décidé de chasser les habitants français hors de la province, au cas où ils refuseraient de prêter le serment, la seule chose qui restait à considérer portait sur les mesures à prendre pour les expédier et sur l’endroit où on les expédierait[1]. » Et, à la même séance du Conseil, il était décidé que les Acadiens seraient dispersés ça et là dans les colonies anglaises ; c’est-à-dire que l’on accomplissait les dernières formalités au sujet d’une décision arrêtée depuis longtemps.

  1. Cité précédemment. Cf. Akins. P. 266-7. — En note, après avoir cité les délibérations du conseil du 28 juillet, Akins renvoie à la lettre de Lawrence au Secr. d’État Echinson, en date du 1er août 1754, à la lettre des Lords du Commerce à Lawrence, en date du 29 oct. 1754, etc.