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LES LE PRINCE


Voici une famille assez nombreuse à l’Acadie, lors de la dispersion, et qui semble s’être particulièrement groupée à St-Grégoire, après 1755. Je ne connais pas d’autres localités en Amérique qui en aient recueilli d’aussi importants débris, si tant est qu’il en existe quelque part ailleurs.

C’est une famille qui mérite une attention spéciale, à raison de l’importance que lui ont donnée quelques-uns de ses membres, et tout particulièrement le très illustre et très regretté fondateur de l’Église de St-Hyacinthe, Monseigneur Jean-Charles Prince[1], dernier fils de Jean Prince et de Rosalie Bourg, et ses neveux MM. les chanoines Joël Prince, ancien professeur du Séminaire de St-Hyacinthe, et Jean Octave Prince, décédé en janvier 1898, curé de St-Maurice, diocèse des Trois-Rivières ; d’autant plus que la génération actuelle ne parait pas vouloir déroger à ces glorieuses traditions !

Le premier Leprince qui est venu se fixer à Port-Royal nous est connu par le recensement de 1686. Il se nommait Jacques ou Nicolas et était marié à Marguerite Hébert, fille d’Étienne et de Marie Gaudet. Il avait alors quatre enfants ; mais ce n’étaient que des filles. Plus tard il lui est né trois garçons qui sont devenus les ancêtres des Leprince de Port-Royal et de ceux des Mines. Cependant les deux premières générations des Leprince ayant donné surtout des filles, nous avons là le secret du développement tardif et restreint d’une famille qui remontait pourtant par sa souche primitive à la seconde génération des habitants de l’Acadie.

Le recensement de 1714 ne fait mention que de deux Leprince établis à Pigiquid : François né vers 1690 marié à Grand Pré 23 mai 1712 à Catherine Benoit, fille de Martin et de Marie Chaussegros, et Antoine né vers 1691, marié au même lieu et le même jour que son frère à Anne Trahan, fille de Guillaume et de Jacqueline Benoit. François avait marié la tante et Antoine la nièce. Ils avaient une sœur, Anne mariée à Étienne Rivet qui demeurait aussi à Pigiquid, et, d’après le témoignage d’une des filles d’Étienne Rivet donné à Belle-Isle-sur-Mer en 1767, son grand-père et sa grand’mère Leprince seraient allés mourir à Pigiquid.

  1. Le nom véritable de mes ancêtres maternels est Le Prince et non Prince. Nous ne pouvons dire à quelle date précise on laissa tomber le Le, défigurant ainsi le nom bien français. Ce fut certainement après la Dispersion. Il y a encore des Le Prince en France, particulièrement en Bretagne. Le professeur de rhétorique au petit séminaire de Dol, à l’époque où Chateaubriand y étudia, était un abbé Le Prince. Nous possédons un ouvrage curieux et rare intitulé : Essai Historique sur la Bibliothèque du Roi, etc., (à Paris, chez Belin, M.DCC. lxxxii), par un M. le Prince aîné, Inspecteur de la Librairie, près de la chambre syndicale de Paris.
    Henri d’Arles.