Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/58

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ses prédécesseurs avaient eus avec eux, il eut tout de suite compris que ses manières hautaines, son arrogance attardée de proconsul romain, devaient, en les alarmant, produire un effet tout-à-fait opposé à celui qu’il en attendait. Il s’était flatté qu’en débitant sur un ton doctoral à de pauvres paysans des niaiseries faussement subtiles, il leur en imposerait et briserait par là leur résistance. C’était par trop manquer de psychologie, et c’était bien mal débuter dans la carrière de gouvernant. Cet homme s’était engagé dans une voie au bout de laquelle il n’allait rencontrer que déceptions et humiliations. Et quand enfin, s’apercevant de sa méprise, il voudra changer de tactique, user de conciliation et de douceur, le moment n’en sera plus : il se heurtera à son tour à tous les obstacles contre lesquels Philipps et Armstrong étaient restés impuissants.

D’autres députations suivirent celles dont nous avons parlé. Des mémoires furent présentés où l’on faisait le récit des faits se rapportant au séjour des Acadiens dans le pays et au serment qu’ils avaient prêté. On y rappelait les clauses du traité d’Utrecht, donnant à ceux qui ne voulaient pas devenir sujets anglais le droit de partir dans l’espace d’un an, en emportant leurs biens meubles ; mention y était faite aussi de la Lettre de la Reine Anne élargissant les privilèges du Traité. L’on y insistait sur la résolution générale où l’on était venu de quitter la Province, résolution qui avait échoué, grâce aux empêchements de toutes sortes que les autorités y avaient mis.


« En présence de tant d’obstacles, disaient-ils, nous avons prêté plusieurs serments, tous étaient basés sur cette promesse de l’exemption des faits de guerre ; si nous sommes restés en ce pays, c’est sur cette réserve expresse ; et les