Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/60

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Cornwallis et ses officiers les repoussaient en raillant ; ils se moquaient de leur peine. » « Tant pis pour vous si vous ne connaissiez pas l’invalidité de ces conventions, il allait vous en informer ; aujourd’hui vous n’avez plus qu’à vous soumettre à merci, ou vous serez dépouillés de tout ce que vous possédez. » « Tel est à peu près, dit Rameau que nous citons, le sens de ces négociations interminables, de ces controverses agrémentées par les grossières plaisanteries de Cornwallis. »

Obligés, devant la quasi-majesté de ce gouverneur, à n’employer que les termes du plus profond respect, et devant se garder de montrer l’apparence même d’une résistance à ses ordres, les Acadiens étaient condamnés d’avance à avoir tort. Leur position critique rappelait la fable du pot de terre et du pot de fer. « Cependant, dit Beamish Murdoch[1], les mémoires que ces Acadiens envoyaient au conseil, étaient tous empreints d’une respectueuse modération et en même temps d’une conviction profonde. Tous s’appuyaient sur ce point fondamental, d’un serment d’allégeance prêté sous toutes réserves, dont les Acadiens n’avaient jamais voulu se départir depuis la conquête ; il est certain, en effet, que, malgré les réclamations réitérées qui leur furent faites à ce sujet, on les avait laissés paisibles dans leurs héritages pendant quarante-cinq ans, sur ce pied

    avons gardé notre fidélité à ce serment, malgré les séductions et les menaces. (feuillet 297.)

  1. Hist. of N. S., vol. II, ch. XX, p. 286. Murdoch fait ces considérations à . propos des événements de 1755, et c’est Rameau qui lui emprunte ce passage, (T. II, ch. XIV, p. 14.3) et qu’il applique aux faits de 1749. Richard l’ayant vu dans Rameau, le garde. Ce que dit ici Murdoch a un caractère général, il est vrai, et peint bien le style de tous les documents émanés des Acadiens.