Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/116

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cache en même temps une partie de son dessein, déjà réglé dans tous ses détails avec l’aide de Morris[1]. Puis il en hâte l’exécution : le temps presse ; il faut que tout soit terminé avant la réponse des Lords du Commerce. Les actes de persécutions se succèdent avec une rapidité fiévreuse. Comme il ne parvient pas à provoquer l’insoumission chez les Acadiens, il exige de leurs députés le serment, sans leur permettre toutefois de se consulter avec leurs commettants. Les députés hésitent d’abord, puis se déclarent prêts à se rendre à son désir, mais Lawrence ne veut plus. Il les emprisonne pour empêcher toute relation avec leurs compatriotes et afin de laisser croire à ceux-ci que les députés se sont obstinés dans leur refus de prêter serment. Il prend toutes les précautions possibles pour que les habitants ne puissent s’enfuir avec le bétail ni ne puissent lui opposer de résistance armée. Il s’empare de leurs archives, de leurs bateaux, de leurs prêtres, de leurs principaux conseillers. Il fait endosser son projet par ses aviseurs, accrus de Boscawen. Pour mieux assurer le succès de sa conspiration, il donne ordre de disperser ses victimes à de longues distances les unes des autres ; il prend toutes les mesures propres à rendre impossible leur évasion ; il fait tout incendier pour enlever aux habitants l’espoir de retour ; il démembre les familles, afin de jeter ces pauvres gens dans une plus grande détresse morale, qui ne leur laisse pas la liberté de songer à autre chose qu’à tâcher de se retrouver et de se réunir. Pour être plus sûr qu’ils ne reviendront pas dans leur ancienne patrie, il demande aux gouverneurs des Provinces où ces malheureux seront dispersés, de les faire gar-

  1. Nov. Sco. Doc. (Akins.) Lawrence to Lords of Trade. 28th June 1755. — P. 408-9.