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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/120

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Cet empressement singulier à s’emparer des plus beaux chevaux et à se monter sans frais une écurie de luxe, est bien de nature à éveiller les soupçons. S’il n’y avait que ce seul indice, l’on n’y prêterait peut-être pas grande attention ; mais, quand on rapproche cette donnée des recommandations faites à Monckton de veiller soigneusement à la conservation du bétail et d’empêcher les Acadiens de s’enfuir avec, recommandations tant de fois répétées qu’elles en deviennent oiseuses et ridicules, l’on ne peut se défendre de concevoir des soupçons qui ne demandent que de nouveaux indices pour se changer en certitude.

Or ces indices existent, si nous pouvons appeler de ce nom l’accusation directe et formelle portée contre Lawrence, trois ans plus tard, par les citoyens d’Halifax, dans une requête adressée à un haut personnage d’Angleterre. Cette requête a été recueillie par le Dr. A. Brown, à qui elle fut confiée par ceux mêmes qui en étaient les signataires[1]. Brown y a mis l’en-tête suivant : Caractère de Lawrence. Et l’acquéreur de ses manuscrits, A. B. Grosart, a fait précéder cette pièce de la note ci-dessous : « Longue lettre (seize pages, texte fin,) adressée à quelqu’un d’Angleterre par les coloniaux, relativement à l’état de la province. C’est une lettre d’une grande vigueur de ton ; elle met à nu sans pitié le caractère de Lawrence… Elle nous rappelle les plaintes formulées par les anciens puritains aux jours du roi Charles[2]… »

Le contenu de cette longue requête, que l’on trouvera en

  1. La requête est d’avant 1760, et Brown ne vint en Acadie qu’en 1787. À cette époque, il devait rester bien peu des signataires de ce document.
  2. Ce document est in-extenso dans C. F. (I. 142.) Lawrence’s character.