Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/145

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parue des Archives d’Halifax, cette dépêche se trouvait bel et bien aux Colonial Records. Il a pu se la procurer avec les autres, mais il n’a pas osé la produire, non qu’elle manquât d’importance : tout au contraire, elle en avait trop à ses yeux.

À ces nombreuses accusations, nettement formulées contre Lawrence, venant des sources les plus respectables, et se rapportant aux diverses parties du service public, nous en ajouterons une autre, émanée du Dr Brown, qui met à découvert le sentiment des citoyens au sujet de la déportation, au temps même où celle-ci s’exécutait. Dans une lettre qu’il serait très intéressant de connaître, Lawrence avait communiqué à son complice Boscawen les inquiétudes que lui causait le blâme que faisaient entendre les citoyens d’Halifax concernant sa conduite envers les Acadiens. Brown insère les remarques suivantes au bas de la réponse de Boscawen, laquelle est datée de Louisbourg, 25 septembre 1758[1] :

« Il apparaît bien que cette lettre est de la main de l’intrépide amiral. Les plaintes formulées par les citoyens d’Halifax, les observations faites par un grand nombre à l’égard de la déportation des Acadiens, étaient une source d’inquiétudes pour le gouverneur Lawrence. Il s’en ouvrit à Boscawen, mais cœur-de-chêne traita tout cela de haut. Ses sentiments au sujet d’une enquête portant sur les malheurs d’une race ennemie manquaient de délicatesse. Sa haine des Français portait trop la vieille marque britannique ; il avait pour eux une antipathie personnelle, une instinctive aversion ; il n’était pas animé envers eux de ce qui semble au

  1. Can. Fr. Doc. in. sur l’Acadie. Pièce 92. — Tome II. P. 139.