Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/164

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l’Histoire, pour laquelle il n’était nullement qualifié, si l’on regarde à ce qui fait le mérite essentiel de l’historien. Ses brillantes qualités de conteur constituaient un appoint fort important pour son succès immédiat ; aussi en a-t-il usé et abusé jusqu’à l’outrance. Intéresser et charmer, tel est l’objet principal qu’il a eu en vue et qu’il a atteint avec un grand bonheur ; son mérite sous ce rapport est à la fois considérable et incontestable. Mais, pour y arriver, il lui fallait laisser de côté les parties arides de l’histoire, se mettre en quête de récits émouvants, d’anecdotes piquantes. Tout ce qui s’offrait à sa vue en ce genre, et quel qu’en fût la provenance, il l’a avidement cueilli, du moment qu’il s’imaginait qu’il suffisait de polir un peu cette pierre pour en faire un joyau dont les facettes brillantes seraient propres à attirer les regards.

En se haussant jusqu’à l’Histoire, Parkman n’a cependant pas changé de nature : conteur il était, et conteur il est resté, charmant au reste. Il est toujours agréable, entraînant, et ses assertions sont, en général, plausibles, grâce à l’adresse avec laquelle il échafaude ses jugements, et aux menues louanges qu’il accorde à ceux qu’il entend écraser de ses pavés. C’est lorsqu’il flatte qu’il devient dangereux. Tout est pour l’effet. Il faut plaire, séduire, et donner à son lecteur au moins une demi satisfaction. Sa disposition d’esprit nous paraît être celle de ces conteurs de société, de ces agréables causeurs, qui ont toujours des anecdotes plus extraordinaires les unes que les autres à raconter. Nous n’avons pas de mépris pour les causeurs ; ils ont quelquefois, à un haut degré, le don de saisir vivement les travers et les ridicules de la société, le piquant d’une situation. On les écoute avec intérêt, ils nous amusent ; mais l’on sait à