Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/168

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d’un homme, et les motifs qui l’inspirent, d’après ses œuvres écrites, nous maintenons qu’elle est vraie à la lettre[1] Dans le cercle de ses connaissances, Parkman avait dû souvent combattre pour détruire l’effet produit sur elles par le poème de Longfellow. D’abord, sans autre intention peut-être que de ramener les esprits à la réalité des faits, dont les effusions poétiques du chantre d’Évangéline les avaient éloignés. Mais l’on se passionne facilement pour une thèse ; l’homme ardent, exclusif, a vite fait de perdre le calme nécessaire à la considération impartiale d’un sujet. Parkman s’était entraîné vers la défaveur à l’égard des Acadiens : cette disposition d’esprit a pesé considérablement sur sa manière de traiter la question. Pour mieux s’en rendre compte, il faut se rappeler que Longfellow et Parkman vivaient tous les deux à Boston : l’un, beaucoup plus âgé, entouré du respect et de la vénération de ses compatriotes, jouissant d’une renommée assise plus particulièrement sur le poème d’Évangéline ; il était la grande gloire. L’autre, beaucoup plus jeune, était la petite gloire, la gloire en herbe. Pour le caractère, ces deux écrivains étaient aux antipodes l’un de l’autre : le premier était une grande âme ouverte au souffle des plus nobles inspirations, regardant la vie par ses grands côtés ; le second avait des tendances tout opposées. Et lui, la petite gloire, semble avoir éprouvé des sentiments de jalousie au voisinage de l’astre dont l’éclat faisait pâlir tous les autres. Nous nous trompons peut-être ; mais cela paraît ressortir éloquemment de tout ce que Park-

  1. En marge, vis-à-vis de cette phrase, le M S. original — fol. 688 — porte la. notes suivante au crayon, de la main du traducteur : « Cette répétition agace le lecteur. » — La dite phrase a été supprimée dans l’édition anglaise (II. P. 163,)