Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donnée. Ce qu’ils y disaient des Acadiens pouvait avec raison s’appliquer aux habitants de sang mêlé qui vivaient un peu partout et qu’ils purent rencontrer sur les côtes de l’île du cap Breton, mais non aux français de la péninsule établis sur leurs propres terres. La lettre représentait que « les maisons des Acadiens étaient de misérables cabanes de bois sans aucunes commodités ni ornements, et contenaient à peine les meubles les plus nécessaires », et ajoutait que les « Acadiens étaient extrêmement ménagers de leur argent[1] ». En vingt endroits, soit dans les archives, soit dans les relations de l’époque, il est dit unanimement que les Acadiens vivaient dans l’aisance[2], que leurs maisons étaient spacieuses et confortables. Cependant, le compilateur ayant inséré dans son ouvrage un document où il y a une affirmation à l’encontre, plusieurs écrivains se sont hâtés de reproduire cette pièce : tant il est vrai que le but que s’était proposé Akins — bâtir un arsenal où l’on trouverait tout plein des armes contre les Acadiens — a été atteint. Et pourtant, il est évident que les officiers, auteurs de cette lettre, n’étaient pas dans une situation leur permettant de se former un jugement éclairé en la matière ; et, s’il fallait ramasser tout ce qui s’écrit à la légère, il serait toujours possible de défigurer l’histoire au point de la rendre méconnaissable. Même si messieurs de Beauharnois et Hocquart eussent parlé en connaissance de cause, ce qu’ils ont affirmé au sujet

  1. « … The Acadians have not cxtended their plantations since they have corne under English dominion ; their houses are wretched wooden boxes, without conveniences and without ornaments and scarcely containing the most necessary furniture ; but they are extremely covetous of specie… »
  2. Le texte du M S. original — fol. 709 — porte abondance. C’est un peu fort, croyons-nous. Aisance nous semble plus près de la réalité.