Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/209

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mains et hospitaliers à l’égard des étrangers, et d’une grande libéralité pour ceux qui embrassaient leur religion. Ils étaient très remarquables pour leur inviolable pureté de mœurs. Je ne me rappelle pas un seul exemple de naissance illégitime parmi eux, même aujourd’hui. Leurs connaissances en agriculture étaient très limitées, quoiqu’ils cultivassent assez bien leurs terres endiguées…

« Ils ignoraient complètement le progrès des arts et des sciences. Je n’ai connu qu’une seule personne parmi eux qui sût lire et écrire ; quelques-uns pouvaient le faire, mais imparfaitement, et aucun parmi eux n’avait appris les arts mécaniques. Chaque cultivateur était son architecte, et chaque propriétaire était un cultivateur. Ils vivaient presque entièrement indépendants des autres peuples, excepté pour se procurer du sel et des outils ; vu qu’ils ne se servaient que de très peu de fer pour les autres objets d’agriculture… Ils cultivaient et confectionnaient eux-mêmes de quoi faire leurs vêtements, lesquels étaient uniformes. Ils aimaient les couleurs noires et rouges avec des lisières aux jambes, des boucles de rubans et des nœuds flottants… Malgré leur négligence, leur défaut de moyens et de connaissances en agriculture, ils amassaient d’abondantes provisions de bouche et de vêtements, et avaient des habitations confortables…

« C’était un peuple fort et sain, capable d’endurer de grandes fatigues, et vivant généralement jusqu’à un grand âge, quoique personne n’employât de médecins. Les hommes travaillaient fort dans le temps des semences et des récoltes, et dans la saison convenable pour faire ou réparer leurs digues, et dans les occasions où l’ouvrage pressait. Ils se procuraient ainsi, pour la moitié de l’année au moins, des