Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/221

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« Cette mesure a été jugée inévitable pour la sécurité de la colonie, et si Votre Excellence prend en considération qu’il est reconnu que la prospérité de l’Amérique du Nord dépend en grande partie de la présentation de cette colonie contre les empiétements des français, je ne doute pas qu’elle ne nous donne son concours, qu’elle ne reçoive les habitants que je lui envoie maintenant, et que suivant notre désir, elle ne prenne les moyens de les installer de manière à ce qu’ils ne puissent se grouper à l’avenir. »

Toujours les mêmes accusations d’ordre général : un seul fait spécifié et répété à chaque occasion, celui des 300 Acadiens trouvés les armes à la main lors de la prise de Beauséjour. Lawrence se garde bien d’ajouter que ces 300, de par un article de la capitulation, furent pardonnes, parce qu’ils avaient pris les armes sous peine de mort. De tous les habitants français, ils étaient les seuls contre qui il ait jamais pu formuler une accusation précise. Et que valait cette accusation ! Quelle était leur culpabilité ? N’avoue-t-il pas lui-même que Philipps leur avait accordé, dans la prestation du serment, la réserve qu’ils exigeaient et à laquelle ils avaient toujours tenu ? Une fois cette réserve retirée, n’avaient-ils pas le droit de quitter le pays ainsi qu’ils l’avaient fait ? En passant en territoire français, n’étaient-ils pas devenus sujets français, ainsi que Cornwallis lui-même l’admettait, et ainsi que le voulait le plus vulgaire bon sens ? La manière dont un très grand nombre d’entre eux s’étaient conduit, en s’éloignant de Beauséjour pour ne pas avoir à prendre les armes contre les Anglais, et l’attitude des trois cents en question, qui n’avaient pris les armes qu’en cédant aux plus grandes menaces, tout cela n’aurait-il pas dû leur mériter au contraire les remercî-