Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/269

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des outils. Mais toutes ces offres furent repoussées, parce qu’elles impliquaient séparation. Et ceux d’entre eux qui se décidèrent à aller travailler dans les districts ruraux, n’y furent pas acceptés. « Tel était, dit Philip H. Smith, le préjugé entretenu en ce temps-là contre des gens d’une autre religion, que l’on refusa d’employer ceux des neutres qui s’offraient à travailler. » « Plusieurs d’entre eux, a dit l’un des commissaires nommés pour s’enquérir de leur condition, William Griffitts, ont été plusieurs semaines de suite sans voir ni pain ni viandes, et un certain nombre ont été forcés de piller et de voler pour ne pas mourir de faim[1]. »

Ce nouvel appel à la charité, et plus encore peut-être ces actes de pillage pour apaiser leur faim, précipitèrent sur les exilés le malheur qu’ils redoutaient le plus : la séparation. L’Assemblée décida de prendre à sa charge les vieillards, les malades et les infirmes, mais obligea les parents à céder leurs enfants mineurs pour qu’ils fussent placés au

  1. Le MS. original — fol. 759 — donne le texte anglais ; Casgrain l’a traduit, p. 181. Dans l’un et dans l’autre, cela est donné comme tiré d’une requête des Acadiens. Voici au contraire ce que prétend Read, dans son étude plus haut citée : « On the meeting of the Assembly, in october 1756, there is a sad révélation on its records, of the sufferings of these poor people, made, too, not by them, but by one of the kindest of the voluntary almsgivers. It is the petition of William Griffitts, one of the Commissioners. Disease and death had been busy among the Exiles. Many died of the small pox, and but for the care that had been bestowed upon them, many more would have perished miserably. The overseers of the rural townships refused to receive them. The prejudice against the foreigners prevented the employment of those who were willing to work, « and many of them — says this paper — have had neither meat nor bread for many weeks together, and been necessitated to pilfer and steal for the support of life. » — Entre parenthèses : (Votes of the assembly.) P. 645.)

    Cette révélation a donc été faite, non par les Acadiens eux-mêmes, mais par l’un des commissaires, William Griffitts.