Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/274

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« On ignore[1], quel fut, dans la suite, le sort de ces infortunés, coupables d’avoir élevé la voix au nom de leurs compagnons d’exil et d’avoir osé s’exprimer en langue française, [la seule dont ils pouvaient faire usage. Ce furent là, probablement, autant de familles qui furent à jamais désunies[2].] « Dès lors, toute plainte devenait un crime, et

    en date du 25 avril 1757, et donnée par William B. Read dans son étude déjà mentionnée (Casgrain, Pèlerinage, p. 184, traduit cette lettre, mais la donne comme du 25 avril 1758, ce qui est une grosse erreur.) qui a porté l’auteur d’Acadie à supposer la présence de Pichon à Philadelphie ; et cette supposition repose sur une interprétation peut-être vraie du texte de Loudun. Voici en effet, ce qui y est dit : « Captain Cotterell, who is Secretary for the Province of Nova Scotia, and is in this country for the recovery of his health, found among those Neutrals one who had been a spie (sic) of Colonel Cornwallis and afterwards of Governor Lawrence, who he tells to me had behaved well both in giving accounts of what those people were doing and in bringing them intelligence of the situation and strength of the French forts and in particular of Beauséjour ; by this man (Est-ce Cotterell ? est-ce Pichon ?) I learnt that there were five principal leading men among them who stir up all the disturban ce these people make in Pensilvania (sic) and who persuade them to go and join the enemy and who prevent them from submitting to any regulation made in the country, and to allow their children to be put to work… »

  1. Le MS. original — fol. 763 — emprunte à un Pèlerinage, p. 185-6, tout ce qui suit jusqu’à la fin de ce chapitre, excepté la phrase entre crochets ; nous avons mis les guillemets.
  2. La lettre de Loudun à Pitt avait été communiquée à Read par Bancroft. Elle était inédite. Au sujet de la prétention de Loudun de « ne recevoir aucun mémoire des sujets de Sa Majesté, si ce n’est en anglais », — Read fait cette réflexion : « The indignity of petitioning in French sounds strangely to us a century later. » Ce monsieur était sûrement droit, libéral et bien pensant. Mais le monde a beau vieillir, l’état d’esprit ne change guère, du moins chez les anglo-saxons. Combien, chez les Anglais du Canada, par exemple, trouveraient encore tout naturel ce qu’a fait Loudun, et seraient tout prêts, non-seulement à l’absoudre, mais à l’imiter ! Et aux États-Unis même, quel réveil du vieux fanatisme constatons-nous, ces années-ci, au point de vue linguistique en particulier ! En vérité, ce que nous voyons dément la thèse du progrès indéfini de l’humanité. De progrès réel dans le monde, il ne peut y en avoir que