Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/275

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il ne restait plus qu’à mourir en silence. Aussi, à partir de ce moment, on ne trouve plus aucune trace de réclamations de la part de ces malheureux. Le dernier écrit officiel qui les concerne a toute la tristesse d’une épitaphe ; c’est une requête d’un entrepreneur de cercueils, adressée, en 1766, à l’Assemblée, et conçue en ces termes[1] :

« Pétition de John Hill, charpentier, de la ville de Philadelphie, à l’Assemblée, exposant que le pétitionnaire a été employé, de temps en temps, à fabriquer des cercueils pour les Français neutres, qui sont morts dans la ville et ses environs, et que ses comptes ont été régulièrement reconnus et payés par le gouvernement, jusqu’à ces derniers temps ; qu’il est informé, par les commissaires qui avaient coutume de le payer, qu’ils n’ont plus de fonds entre leurs mains pour l’acquittement de tels comptes ; que, n’ayant reçu aucun contre-ordre depuis le dernier règlement, il a fait seize nouveaux cercueils, (ainsi qu’il appert d’après le compte ;) en conséquence, il prie l’Assemblée de voir à ce que les matériaux et son travail lui soient payés[2]. »

    par le christianisme, ou mieux le catholicisme. Or, il est de toute évidence que l’esprit américain s’éloigne de plus en plus du christianisme, même incomplet, défloré, faussé, qui l’imprégnait à son origine. Il y a régression vers ce qui ne vaut même pas le paganisme antique, un versement dans un matérialisme tel que le monde n’en a jamais connu de semblable. Et cela nous vaut ces belles explosions de principes attentatoires aux droits les plus naturels et à la liberté la plus élémentaire !

  1. « It is on the 4th of January 1766. » Read, loc. cit.
  2. Le MS. original — fol. 764 — porte le renvoi marginal suivant : « L’auteur de ce travail peut retracer plusieurs de ses parents qui faisaient partie de ce groupe d’exilés, entr’autres : le notaire René Le Blanc, sa femme et cinq de ses enfants ; Étienne Hébert, frère de notre ancêtre Honoré Hébert ; séparé de tous ses parents, il s’était engagé au service d’un officier de l’armée ; Tranquille Le Prince, mort avant de revoir ses parents dispersés en d’autres en-