Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/279

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die qu’on avait exercée contre ces malheureux, fit punir les habitants du village de Hampton, et qu’il envoya une chaloupe au devant des Acadiens pour les faire revenir et les instruire de l’état de leur vaisseau. Les débris de leur naufrage furent alors la seule ressource qu’ils eurent à espérer, et ils passèrent deux mois sur une île déserte à raccommoder ce vaisseau. Ils réussirent à la fin, et, après avoir remis en mer pour la troisième fois, ils eurent le bonheur d’aborder dans la baie de Fundy, où ils débarquèrent près de la rivière Saint-Jean, réduits à neuf cents, de plus de deux mille qu’ils étaient à leur départ d’Acadie[1]. »

« La Géorgie, comme on le sait[2], avait été fondée pour servir de refuge aux infortunés, mais il était expressément déclaré dans la charte qu’aucun catholique romain ne pouvait s’y établir. Aussi, dès que le gouverneur Reynolds eut appris l’arrivée de quatre cents Acadiens, il résolut leur bannissement, mais comme l’hiver était commencé, il les cantonna par petits groupes, dans la colonie. En attendant le printemps, ils s’occupèrent à construire, avec l’autorisation du gouverneur, un certain nombre de grossiers bateaux, sur lesquels ils s’embarquèrent au mois de mars, animés par l’espérance de remonter le long des côtes de l’Atlantique jusqu’à leur pays natal. Avec un courage et une persévérance presque sans exemple, un bon nombre

  1. Archives des affaires Étrangères. Mémoire de M. de la Rochette. Le MS. original — fol. 767 — ajoute à cette référence ceci : « Le chiffre de 900 est certainement très exagéré. » — Le Mémoire d’où ce passage est extrait est au fol. 340 du vol. 449 du Fonds Angleterre, au ministère des Affaires Étrangères, à Paris, et est reproduit in extenso dans A. C. (1905) Généalogie etc., P. 269 et seq. On le trouvera aux appendices.
  2. Le MS. original revient ici au ch. VI de Casgrain, p. 154-5.