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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/290

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gédie est le doute affreux dans lequel étaient ces proscrits au sujet du sort fait à ceux qui leur étaient les plus proches et les plus chers. Dans un milieu où régnaient la méfiance et le fanatisme, ces pauvres Acadiens français furent l’objet de la plus stricte surveillance ; il n’y avait pas de crime dont on ne les crut capables ; et tout méfait commis dans leur voisinage, et dont l’auteur était inconnu, retombait toujours unanimement sur le dos des papistes.

« Une requête, de la part d’un village situé le long de la côte, demande la permission de transférer les neutres dans l’intérieur des terres, parce qu’il y a là une poudrière que l’on craint qu’ils ne fassent sauter. Le psychologue trouve en ceci une autre illustration du pouvoir que l’éducation et le préjugé exercent sur le jugement des hommes. Les Acadiens eux-mêmes font allusion à ce que les Anglais pensaient d’eux, à savoir qu’ils étaient adonnés au pillage et aux exploits de guerre. Dans l’un des mémoires, pour prouver qu’ils ne possédaient pas ce caractère belliqueux qui leur était attribué, ils apportent comme raison que ce fut précisément l’absence de qualités guerrières chez eux qui permit aux anglais de les dominer si complètement ; autrement, plusieurs milliers d’Acadiens ne se fussent jamais soumis à une poignée de soldats anglais[1]. »

Plusieurs cas d’abus et de cruautés sont cités par Mrs. Williams, dans son ouvrage The Neutral French, ainsi que par Smith et par Hutchinson, l’historien du Massachusetts ; on doit les en croire, puisque la législature de l’État prit des mesures pour prévenir le retour de pareilles choses. Ce-

  1. A Lost Chapter in American History.