Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/291

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pendant, de toutes leurs peines, celle dont ils se plaignent le plus amèrement dans leurs requêtes, c’est de la scission de leurs familles. « Il est évident, dit Mrs. Williams, que ce malheureux peuple eut beaucoup à souffrir de la pauvreté et des mauvais traitements, même après qu’il eût été adopté par le Massachusetts. Les différentes pétitions adressées au gouverneur Shirley, dans le temps, sont à fendre le cœur. L’auteur a essayé d’en copier quelques-unes aux Archives de la Secrétairerie d’État ; mais il s’est trouvé tellement aveuglé par les larmes qu’il a été obligé d’y renoncer [1]. »

Parkman a dû considérer comme ridicules les larmes de cet écrivain et la sentimentalité de Longfellow, tous deux ses compatriotes. Il devait avoir particulièrement en vue ces deux personnages éminents, lorsqu’il écrivait : « L’humanitarisme de la Nouvelle-Angleterre, se fondant en sentimentalité à un récit navrant, s’est fait tort à lui-même[2]. » De quels torts Parkman veut-il parler ? À quelles injustices entraîna cette sentimentalité ? Il est difficile de le voir, et Parkman ne nous le dit pas. [Peut-être veut-il insinuer que les rigueurs exercées envers les exilés étaient justes. Si c’est là sa pensée, ce n’est qu’un nouvel échantillon du coup de griffe de sa patte soyeuse][3]. Pour nous, comme pour bien d’autres, cette sentimentalité reposait sur les motifs les plus avouables ; elle n’a pas faussé l’histoire ;

  1. Le MS. original — fol. 777 — prête cette citation à Hutchinson, tandis qu’elle est de Mrs. Williams, The Neutral French, p. 68.
  2. Montcalm and Wolfe. I, VIII, 294.
  3. La phrase entre crochets est à la marge du fol. 778, et certainement de la main du traducteur.