Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/300

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Cette invitation au pillage, en surexcitant la cupidité du soldat, ne pouvait manquer de produire l’effet désiré, « Le 23 avril, raconte l’abbé Desenclaves, témoin oculaire, un village fut investi et enlevé ; tout fût brûlé, et les animaux tués ou pris. Entre autres exploits, ils enlevèrent la chevelure d’un des enfants de Joseph d’Entremont, après avoir pillé et brûlé sa maison[1]. » Peu après, Lawrence fit opérer une nouvelle descente où furent répétées les mêmes scènes de dévastation. Cette fois, les soldats purent s’emparer d’une partie des habitants, y compris l’abbé Desenclaves. Ceux qui avaient échappé à ces attaques se trouvaient réduits à une profonde misère ; leur bétail ayant été tué ou capturé, leurs maisons incendiées, il ne leur restait aucun moyen de subsistance, pas même la pêche, car, aller en mer eût été courir le risque d’être pris par l’ennemi ; avec cela, leurs parents, leurs frères, tramés en captivité… Tout espoir humain leur semblait interdit. N’eût-il pas mieux valu partager tous ensemble le même sort ?


Ces pauvres gens, n’attendant plus rien de la pitié de Lawrence, mais instruits du caractère humain de M. Pownall, le nouveau gouverneur du Massachusetts, s’adressèrent à lui par une requête qui peint bien l’extrémité dans laquelle ils se trouvaient :


    p. 209. Le membre de phrase concernant Shirley est omis par Casgrain mais se trouve dans Richard.

  1. Cité d’après Casgrain, p. 210, qui met en note : « archives de l’archevêché de Québec. Lettre de l’abbé Désenclaves, 22 juin 1756, citée au long, p. 146. »