Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/31

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de cette dépêche du Secrétaire d’État était en contradiction formelle avec la conduite que tenait précisément le gouverneur. Tandis que l’un conseillait la modération, la douceur, l’autre faisait tout en son pouvoir pour exaspérer les Acadiens et les pousser à ce désespoir que Robinson considérait comme très dangereux. Malgré l’enlèvement de leurs armes, la confiscation de leurs bateaux, de leurs archives, la main mise sur leurs prêtres, l’emprisonnement de cent quinze de leurs principaux citoyens, et malgré tant d’autres ressources que lui suggérait son imagination, Lawrence ne réussit cependant pas à les faire se révolter : ses iniquités avaient été telles qu’elles pouvaient justifier de leur part une résistance à mort, et il n’y avait pas à enregistrer le plus léger soulèvement.

« Nous le demandons, dit Casgrain, qui a commenté éloquemment cette dépêche du Secrétaire d’État, qu’y a-t-il de commun entre cette conduite barbare et les instructions, si humaines, si conciliantes[1] du cabinet de Londres ? N’est-il pas évident qu’il y avait chez Lawrence une détermination bien arrêtée de se débarrasser à tout prix des Acadiens, ces ennemis invétérés de notre religion, comme il le disait hypocritement dans la dépêche où il annonçait plus tard la déportation[2] ?

  1. Ces deux qualificatifs sont de Richard.
  2. Le texte de Casgrain porte simplement : « comme écrivait le même Lawrence dans la dépêche où il annonçait leur déportation ? » — Cette première partie de la citation est tirée de la fin du ch. IV d’un Pèlerinage, p. 124-5. Le reste est ce qui précède immédiatement dans le même chapitre. Richard a interverti l’ordre des paragraphes, et, comme presque toujours, arrangé à sa façon cet extrait. Nous rappelons d’ailleurs que, pour tout ce qui regarde cette dépêche de Robinson, l’auteur d’Acadie a suivi de très près, de trop près, l’auteur d’Un Pèlerinage.