Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/30

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sion même partielle, à plus forte raison une expulsion en masse. Telle était donc la pensée du Secrétaire d’État, telle qu’elle s’était formée dans son esprit après la réception de la lettre de Lawrence, en date du 28 juin, après la prise de Beauséjour, et en dépit des fausses représentations qui lui avaient été faites. L’on ne peut soutenir que les événements subséquents aient été de nature à le faire changer d’avis, puisque, ainsi qu’on l’a vu, il ne se produisit rien, chez les Acadiens, qui pût modifier cet avis dans un sens défavorable, et puisqu’au contraire, malgré des provocations et une persécution intolérables, ils poussèrent la soumission jusqu’à sa plus extrême limite. Comme pour mieux accentuer les sentiments du gouvernement anglais, Robinson notait dans sa lettre que Sa Majesté Britannique venait justement de refuser à l’Ambassadeur de France la permission que les Acadiens réclamaient de s’en aller, parce que, disait-elle, leur éloignement priverait la Province d’un grand nombre de sujets utiles. Quelle différence de langage entre des hommes d’État sages et éclairés, et un parvenu sans cœur et sans entrailles tel que Lawrence !. Et comme il fallait que les persécutions que celui-ci leur faisait subir fussent criantes pour que ces gens si attachés à leur pays, à leurs biens, implorassent la liberté de partir ! Est-ce de la sorte qu’agit une population disposée à la résistance ?

Cette dépêche de Sir Thomas Robinson est datée du 13 août, alors que, depuis déjà dix jours environ, Monckton, Murray et Winslow avaient en mains les ordres de déportation, alors que Lawrence procédait aux derniers préparatifs avec une énergie furieuse : la précipitation qu’il y mettait ne peut guère s’expliquer que par ses craintes de recevoir un blâme de nature à étouffer ses projets. Le contenu