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CHAPITRE TRENTE-NEUVIÈME



Prise de Louisbourg. — Nouvelles déportations. — Quatre mille Acadiens de l’Île Saint-Jean sont déportés en Angleterre ou en France. — Un des vaisseaux sombre dans la traversée. — Quatre cents Acadiens périssent dans ce naufrage.


Sans le journal de Winslow, nous ne connaîtrions à peu près rien des circonstances qui ont accompagné la déportation en masse opérée à Grand-Pré, Annapolis, Pigiquit et Beauséjour, dans l’automne de 1755. Ces dernières années, le manuscrit de Brown est venu jeter une nouvelle lumière sur la question ; mais il reste encore, en dehors de cette première déportation, des faits importants qui n’ont été touchés par aucun historien… Et l’on en a gardé l’impression générale que tout s’est borné aux événements de 1755. C’est là une grave erreur. Comme nous le verrons, les déportations de cette année ne furent que le commencement d’une persécution à outrance et systématique qui s’est continuée longtemps après la paix de 1763.

Ainsi que nous l’avons dit dans le chapitre précédent, il y avait encore environ 10,000 Acadiens réfugiés sur la Rivière St-Jean, les côtes du Golfe et l’Île St-Jean. Quel fut leur sort ? Environ 1500 ou peut-être 2,000 se rendirent à Québec par la voie du Saint-Laurent entre 1756 et 1758 ; quelques centaines remontèrent la rivière St-Jean en 1759 et 1760, et s’établirent dans le district des Trois-Rivières.