Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/328

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cette perspective se faisait plus lointaine, mais enfin ils avaient également le droit de croire qu’ils jouiraient, un peu plus tard, des mêmes avantages qu’autrefois. Tous leurs parents et amis, ça et là dispersés, reviendraient ; l’ancienne patrie serait reconstituée ; et, puisque la France avait perdu ses colonies d’Amérique, ils ne seraient plus troublés par les vicissitudes de la guerre. Tout ce bel avenir était encore loin et incertain, du moins l’espoir était au fond de leurs pensées. Hélas ! tous allaient être bien désabusés, et particulièrement ceux qui croyaient avoir le plus de motifs d’espérer.

La prise de Québec avait amené la soumission des Acadiens qui se trouvaient au Canada, ainsi que de tous ceux qui s’étaient échelonnés le long du golfe Saint-Laurent. Dès le 16 novembre, Alexandre Brassard, Simon Martin, Jean Bastarache et Joseph Brassard se présentèrent au fort Cumberland, (Beauséjour,) devant le colonel Frye, afin de faire acte d’allégeance. Ils alléguèrent qu’ils avaient été députés dans ce but par 190 personnes actuellement réfugiées dans le haut des rivières Petitcodiac et Memramcook, que tout ce monde était sans moyens de subsistance et priait les autorités de les assister pendant l’hiver. Il fut convenu entre le colonel Frye et les délégués qu’un tiers de ces habitants se rendraient au fort où ils seraient nourris pendant l’hiver ; en attendant leur arrivée, Alexandre Brassard fut retenu comme otage.

« Après le siège et la chute de Québec, dit Murdoch, les missionnaires Manach et Maillard voulaient induire leurs fidèles, tant Acadiens qu’Indiens, à se soumettre à l’Angleterre comme à la nation conquérante. Boishébert, qui avait été laissé sur la frontière de la Nouvelle-Écosse pour gar-