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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/351

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de cette Province ; le Conseil est aussi d’avis que la Province la plus voisine de la Nouvelle-Écosse étant le Massachusetts, le lieutenant-gouverneur fasse transporter en ce dernier endroit, avec toute la promptitude voulue, les dits Acadiens[1]. »

Tous s’entendaient comme larrons en foire. Belcher rédigeait, nous le supposons, une résolution qu’il plaçait entre les mains de ses complices, et il se faisait forcer la main, il cédait à une nécessité impérieuse, à une pression trop énergique pour qu’il put y résister. On sent dans la rédaction de ce document l’effort pour dégager la responsabilité du Gouverneur.

Encore une fois l’audace allait réussir, mais pas aussi complètement que la première fois, comme nous le verrons plus loin. Amherst, qui n’était pas en position de juger par lui-même des raisons qui lui étaient données, et des motifs secrets qui faisaient agir Belcher et ses Conseillers, approuva à demi le fait accompli. « Encore que je ne puisse me défendre de la pensée que cette population aurait pu être gardée dans la Province et s’y montrer soumise, aussi longtemps que les troupes demeuraient en Nouvelle-Écosse, je suis cependant content que vous ayez pris les mesures nécessaires pour les déporter, car ils auraient pu, après le départ des soldats, fomenter des troubles[2]. » Nous dirons brièvement qu’immédiatement après la Résolution de son Conseil, Belcher expédia en toute hâte à

  1. N. S. D. P. 323 et seq.
  2. N. S. D. P. 330. Cette lettre d’Amherst est du 30 août 1762. L’édit. angl. (II, 300) a ici la note suivante à quoi rien ne correspond dans le MS. orig. : « Sir Jeffrey Amherst has won great distinction for his intelligence and wisdom in the conduct of affairs in America during the war, and it may