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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/350

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tant à cœur. Cela est d’ailleurs rendu plus évident encore par la lettre des Lords du Commerce en date du 3 décembre suivant, dans laquelle ils condamnent expressément la déportation qui venait d’être exécutée.

Le 26 juillet 1762, Belcher et son Conseil se décidèrent pour une proscription en masse. La Résolution qui expose les motifs de leur décision est fort longue ; tous les griefs y sont réunis ; cependant remarquons-le, pas un seul n’a trait à des hostilités ou à des résistances actuelles ; au contraire, tout se borne à des appréhensions pour l’avenir. On sent qu’ils font un suprême effort pour rédiger un document destiné à être leur justification, car remarquons le encore, cette résolution ne fait nullement mention d’une autorisation quelconque, soit de la part du Secrétaire d’État, soit du général Amherst, preuve évidente qu’ils n’en avaient pas. Lawrence avait réussi par l’audace : on voulait essayer de ce qui lui avait si bien servi. En cas de blâme, Belcher se retrancherait derrière son Conseil et la nécessité des circonstances fortuites qui exigeaient impérieusement un tel procédé. Qu’on en juge :

« Pour toutes ces raisons, le Conseil est d’avis qu’en ce temps de péril, il est urgent de déporter immédiatement les dits Acadiens hors de cette Province, car leur prolongation de séjour en son sein serait propre à entraîner les pires inconvénients, particulièrement pour les nouveaux établissements que l’on projette, et pour la sécurité générale de la Province. Et en conscience le Conseil recommande de la façon la plus pressante, pour le salut et la sécurité de la Province et de ses nouvelles colonies, que le Lieutenant-Gouverneur ait la bonté de recourir aux moyens les plus expéditifs de rassembler et déporter les dits Acadiens hors