Aller au contenu

Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être de déporter les Acadiens en un temps où les entreprises de l’ennemi constituaient une menace pour la Province, cependant ce danger étant maintenant disparu, et les hostilités entre les deux nations ayant cessé, il ne fût ni nécessaire ni politique de les déporter à nouveau, vu qu’ils pouvaient, moyennant certaines dispositions, promouvoir les intérêts de la colonie, et devenir membres utiles de la société, conformément à ce qui semble être le sentiment du général Amherst dans sa lettre au lieutenant-gouverneur [1]. »

La leçon était verte et appliquée vigoureusement. De plus, on lui faisait comprendre qu’il faussait le sens de la lettre du général Amherst sur laquelle il prétendait s’appuyer. Ce n’était pas l’occasion pour les Lords du Commerce d’exprimer une opinion sur la première déportation, celle de 1755 ; mais il nous semble que les termes dont ils se servent ici en impliquent la condamnation.

Le lecteur aurait tort de s’imaginer que le compilateur du volume des Archives place les faits que nous racontons dans un ordre aussi lumineux. Loin de là. Il nous a fallu, au contraire, nous imposer un travail dont personne ne semble avoir eu la patience, pour démêler la confusion dans laquelle se trouve cette partie du volume des Archives. Depuis la fin de 1759 jusqu’à 1763, les documents y sont pêle-mêle, sans ordre de dates ou même d’années, et ce n’est que par un travail patient que l’on peut rétablir l’enchaînement des faits qu’ils contiennent. À moins que ce désordre n’ait été intentionnel, il reste inexplicable.

  1. N. S. D. P. 337-8. Richard va dire que cette lettre implique condamnation de la première déportation. Ce n’est pas là son sens obvie, il s’en faut.